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Channel: Y a une vie après H&M - autres_addictions
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Revenge walks with me

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Aujourd'hui, j'ai envie de vous parler de deux séries qui ont marqué mon adolescence et peut-être la vôtre: La vengeance aux deux visages et Twin Peaks. Oui, c'est ce qu'on appelle communément un grand écart.

3dcb1c5b2e96ef4581c60a5b089a1d45.jpgCommençons par le mythique feuilleton télévisé australien, titre original : Return to Eden, diffusé en France à la fin des années 80. Je découvrais alors, un rien fascinée, un monde pervers mais juste. Pour la profane : il était une fois dans une belle propriété australienne, une riche héritière un peu moche, Stéphanie Harper, qui se maria en toute inconscience à un beau mais fourbe joueur de tennis : Greg Marsden. Ce dernier ne tarda pas à la tromper avec sa meilleure amie pas très farouche : Jilly Stewart. Evidemment, Stéphanie devint vite un obstacle à leurs noirs desseins. Ils décidèrent donc de la supprimer, purement et simplement, en la jetant aux crocodiles. Oui, aux crocodiles. Simple comme un coup de fil. De l'avantage d'avoir une maison de campagne dans les marais australiens, un peu humide mais tellement pratique.

dfc44ed365bea1ce16dea5f459e6e93a.jpgLe présent simple aussi c'est pratique. C'est pourquoi notre héroine se tire fort heureusement de ce bien mauvais pas : une horde de crocodiles affamés tout de même. Le hic ben c'est qu'elle est défigurée...coup dur...déjà qu'elle ne disposait pas d'une bonne base. Rassurez-vous : la chance finit enfin par lui sourire sous les traits d'un séduisant chirurgien esthétique : Dan Marshal. Il a un plan, Marshal (sic). A grands coups de scalpel, il s'attelle vite à lui remodeler les traits mais déjà quelque peu énamouré de sa patiente, il ne peut bientôt plus retenir ses coups et la transforme en supermodel of the year. A presque 34 ans, l'ingrate Stéphanie Harper devient Tara Welles, sublime bête de défilé que tous les magazines s'arrachent. Oui, c'est là, la seule invraisemblance du scénario. Et bien sûr, qui va tomber sous le charme de Tara avant de prendre très très cher ? Greg, le millionnaire ingrat. Greg, le roi félon. 

J'adore. Etant dotée moi-même d'un tempérament un peu rancunier, je ne pouvais que m'identifier...surtout à cette âge cruel où l'on se débat quotidiennement entre désaveux et humiliations de tout poil. Ce que c'est tout de même de voir, dans un bel élan d'abnégation, sa prétendue bonne amie se jeter sous les roues de l'homme tant convoité. Le pire, c'est peut-être d'entendre après coup : "Ne regrette rien, de toute façon, c'est après moi qu'il en avait". Qu'est-ce qu'une bande organisée de crocodiles à côté de pareille garce, je vous le demande. C'est pourquoi je n'hésitais pas à projeter mes vengeances en 16/9...avec doublure full frontal, je précise. Mon imagination foisonnait de scènes épiques tout en retournements de situation spectaculaires que je traversais avec un panache inégalé  et...des jeans taille 32 cousus à la gloire de mon corps magnifique (tant qu'à faire). Avant d'être froid, la vengeance est surtout un plat hypocalorique. Inutile de vous peindre le tableau dantesque : une créature, hybride de Jim Morrison et de Johnny Depp, courant après son destin comme un cheval sauvage, tombait foudroyé d'amour devant moi, son destin donc, en plein milieu de la cour du lycée...à l'heure de pointe évidemment. Mon imagination ne connaissait aucune limite. Ma feue bonne amie s'étranglait alors avec son chewing-gum, la rétine littéralement grillée par le spectacle de notre baiser brûlant à l'intercours. Ces rêveries étaient vraiment jubilatoires.

 

J'ai toujours aimé cette chair à téléfilms, inmanquablement structurée en trois actes. Acte 1: l'humiliation, totale et sans réserve. Acte 2 : la révélation à soi-même assortie de quelques séances de cardio-training. Acte 3 : la vengeance apocalyptique. Un canevas rassurant, loin très loin des chemins tortueux qui mènent à Twin Peaks, la série culte de David Lynch et Mark Frost. J'avais pas loin de 13 ans lorsque je basculais dans cette oeuvre sombre et fascinante à laquelle, à vrai dire, je ne comprenais pas grand chose...Mais qu'importe, j'étais hypnotisée par la musique de Badalamenti, la folie de cette ville empestant le mal : un Mal aux mille visages, tous habités de la fantômatique Laura Palmer. J'en avais mal au ventre d'angoisse diffuse...Je n'aurais raté ce rendez-vous pour rien au monde.

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Et pourtant aucune morale rassurante à laquelle se raccrocher, aucun "jeter sa femme aux crocodiles, non vraiment, ce n'est pas bien. L'ordure, il paiera pour ses crimes". Ici tout est brouillé, le bien, le mal, la réalité vécue, la vie rêvée...un juste écho aux brumes de l'adolescence, à ses questions identitaires vertigineuses et ses perceptions impressionnistes.

Aujourd'hui, c'est devenu la règle du "rien n'est ce qu'il paraît être" mais revenez 20 ans en arrière, pour la première fois, le téléspectateur, biberonant au méchant JR ou au gentil Blake Carrington, était malmené dans ses grilles de lecture habituelles. Il n'aura même pas droit à une innocente victime. Et l'audace a payé, l'obsédante question "Mais qui a tué Laura Palmer ?" est entrée dans la légende. Vous savez vous qui a fait le coup ? Héhé, moi je sais mais je préfère laisser à l'agent spécial Dale Cooper, en charge d'élucider l'affaire entre deux donuts, le soin de tout vous révéler ou presque.  

Et voilà qui m'amène à la brûlante actu du jour, qui quelque part justifie cette note et ce voyage dans l'en-deça : le coffret de la saison 1, enfin sorti le 6 septembre dernier. Mon merveilleux chéri me l'a offert hier. J'en ai pleuré au générique, dès le plan de l'oiseau, tellement la musique me remuait...Je redoutais l'effet "17 ans après", et bien non, l'épisode pilote reste magistral de perfection intemporelle. Vraiment, c'est de la magie, que dis-je, de la sorcellerie.

Bien sûr, je ne bouderai jamais mon plaisir devant la vengeance aux deux visages, pour tout plein de bonnes et mauvaises raisons mais surtout pour son irremplacable goût de madeleine. S'agissant de Twin Peaks, les choses vont bien au-delà de mes jeunes émois. 

Allez-y, vous n'en reviendrez pas. 


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